Deux défis climatiques
La méthode conçue par Akira Miyawaki a largement fait ses preuves sur la péninsule japonaise au climat océanique tempéré ou tropical, toujours humide.
Peut-on escompter de tels succès sur le territoire français au climat globalement plus sec, mais surtout beaucoup plus hétérogène ?
D'une part, si les côtes de l'ouest du pays disposent d'un climat "assez proche" de celui du Japon, les précipitations annuelles à Brest voisines de 1200mm/an n'étant pas très éloignées de celles de Tokyo (1500mm), à Rennes, elles chutent déjà à tout juste 700mm/an, soit moins de la moitié des précipitations de la capitale japonaise. Ainsi, même dans nos régions au climat considéré océanique la disponibilité en eau sera bien inférieure à celle du Japon.
D'autre part, si les mois estivaux constituent la saison des pluies au Japon qui sont ainsi chauds et humides, donc extrêmement propices à la croissance végétale, il n'en est pas de même de nos étés, tout particulièrement dans le sud-est de la France, au climat méditerranéen, où les mois les plus chauds sont aussi les plus secs. Cette aridité induit pendant cette période un très fort ralentissement de la croissance végétale.
Quelques expérimentations trop rares aux résultats pourtant prometteurs ont été menées au début des années 2000 en région méditerranéenne.
=> Adapter la méthode Miyawaki à l'Hexagone impliquera donc de relever un premier défi climatique : des précipitations moins favorables (voire beaucoup moins favorables) à la croissance végétale.
=> Un second défi climatique consistera à anticiper le réchauffement de la planète. Il faudra donc choisir nos espèces avec cette difficulté supplémentaire (qu'elles restent adaptées malgré les changements climatiques), mais aussi concevoir l'approvisionnement en eau de nos forêts (indispensable pendant leurs périodes de croissance) en évitant de consommer des ressources en eau potable qui vont devenir de plus en plus rares.
- Les ressources en eau
Collecter des eaux de pluie ou les faire converger vers nos forêts, mieux valoriser nos eaux usées ou encore transformer du brouillard en eau disponible seront, entre autres, des pistes à explorer.
https://mrmondialisation.org/faire-pousser-une-foret-dans-le-desert-legypte-la-fait/?fbclid=IwAR18fnSNdpjA7ZL1G-yILgZehlJgIt2KgO_KJYzdWsTXNADcKQLLBFjTPWk
http://darsihmad.org/fr/
- Redonner vie à nos sols
La grande attention apportée à la préparation du sol dans la méthode Miyawaki et sa pédogénèse accélérée pourraient également nourrir des expérimentations sur la restauration rapide de sols vivants, cruciales pour négocier la transition agricole qui doit nous amener vers une agroécologie aux productions relocalisées.
- Regarder autrement les arbres
La méthode Miyawaki en France devra également briser des barrières culturelles. Le rapport aux arbres est quasi spirituel au Japon. Le développement du shorin-yoku n'en est que l'expression la plus évidente. http://www.hinnovic.org/le-shirin-yoku-ou-la-nature-comme-medecine-preventive/
En France, la forêt nous apparait encore trop souvent comme un simple lieu de promenade, de loisirs ou de chasse.
Un de nos partenaies, l'association Ecotem, travaille spécialement sur cette dimension. https://www.ecotem.org/
Un défi économique et sociétal
Enfin, la méthode Miyawaki est une méthode coûteuse dans sa préparation. L'appliquer à grande échelle ne pourra se faire sans un investissement collectif et une participation citoyenne.
Depuis quelques mois, la conscience collective de la crise climatique semble devancer la mise en mouvement de nos décideurs. Il est certain que, sans une large participation de la société civile, nous planterons peu d'arbres et nos actions resteront marginales.