Origines et principes fondamentaux | |
Inventée dans les années 1970 par le botaniste et écologue Akira Miyawaki et récemment popularisée par les interventions de Shubhendu Sharma, cette méthode de plantation de forêts porte une attention toute particulière à des dimensions aujourd'hui centrales dans la gestion des écosystèmes : - naturalité (les espèces plantées sont parfaitement adaptées au sol et au climat, ce sont les espèces que l'on trouverait "naturellement" en abandonnant durablement le terrain) - biodiversité (plantations simultanées de 30 à 50 espèces) - résilience (ces forêts naturellement adaptées nécessitent peu d'entretien et de ressources; deux ou trois ans après leurs plantations, elles sont "autonomes").
Miyawaki a conçu cette méthode suite à un constat stupéfiant. Au Japon, la végétation qui s'épanouit autour des temples et cimetières, sanctuaires spirituels mais aussi naturels, est foncièrement différente de celle qu'il observe partout ailleurs. Il finit par découvrir que seules 0,06% des forêts japonaises peuvent être qualifiées de "primaires", c'est-à-dire telles qu'elles se développeraient en l'absence de perturbation humaine. Il oppose alors ces deux types d'écosystème. Alors que la végétation autour des temples et cimetières est composée d'une très grande diversité d'espèces, majoritairement des feuillus, les forêts plantées par l'homme depuis le XVIIème siècle se caractérisent par une domination des résineux et un nombre restreint d'espèces. La végétation, qui domine sur le territoire japonais, est donc moins naturelle et plus pauvre que celle de ces sanctuaires spirituels. En un mot, le pays est essentiellement couvert d'une végétation artificielle et fragile ! C'est pour accompagner le retour d'une végétation plus riche, naturelle et résiliente que Myawaki crée sa méthode. Cependant, son inquiétude à l'égard de la déforestation croissante de la planète le conduit à poursuivre des objectifs plus ambitieux encore. Il a une trop grande conscience de la lenteur des processus naturels. L'apparition des espèces composant une forêt primaire peut en effet prendre des siècles. Sur un sol dégradé, pousseront d'abord une prairie d'annuelles, puis des vivaces qui prépareront le sol à l'arrivée progressive d'arbustes, suivies d'arbres solitaires à croissance rapide. Ce n'est qu'à l'issue de plusieurs siècles que les arbres composant une forêt primaire mature vont rencontrer un sol et un environnement propices à leur développement. Ce processus est beaucoup trop lent pour Miyawaki qui souhaite court-circuiter cette longue sérialité en plantant tout de suite les espèces qui devrait composer la forêt mature d'un terrain donné. |
Choix des espèces | |
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Culture des jeunes plants en pépinière | |
Certaines essences étant délicates à obtenir par semis direct (nécessité de passer par le feu ou de transiter dans le tube digestif de certains oiseaux), Miyawaki préfère les cultiver en pépinière, en trois temps : a) Croissance des jeunes semis, sous abri, dans des bacs, jusqu'au bourgeonnement de deux ou trois feuilles (lors de cette période la source de croissance de la plante est l'énergie en réserve dans la graine, la chaleur de la serre offrant les conditions de la germination). b) Suite de la croissance dans une ombre décroissante (60% d'abord, puis 30 ou 40%) jusqu'à l'âge d'un an et demi à deux ans (la photosynthèse a pris le relais de la croissance végétale) c) Installation des jeunes arbres (toujours dans leurs pots) sur le terrain où ils sont destinés à être plantés, afin qu'ils s'acclimatent aux conditions dans lesquelles ils sont amenés à se développer.
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Préparation du sol | |
Une minutieuse analyse du sol permet d'évaluer ce qui le sépare dans sa composition de celle d'une litière de forêt mature. Miyawaki recommande alors d'apporter massivement, et une fois pour toute, les intrants nécessaires pour obtenir une composition de sol équilibrée (fumier, compost, broyat, paille...) qu'il complète d'un abondant couvert organique destiné à protèger le sol du soleil, du vent, de l'érosion et des températures extrêmes, tout en retenant l'eau indispensable à la croissance végétale.
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Synergie entre espèces | |
Cette synergie ne concerne pas seulement les intéractions (compétition/coopération) entre les essences d'arbres. Elle implique aussi champignons, bactéries et microfaune, d'où l'importance de la préparation de sol précédemment décrite. Les Japonais, bien avant l'invention du microscope et la découverte des bactéries utilisaient déjà le "bokashi" ("matière organique fermentée"), un puissant fertilisant faisant appel à des forces invisibles de la terre. On sait aujourd'hui que son pouvoir fertilisant repose sur la prolifération de bactéries anaérobies favorables à la croissance végétale et à l'équilibre du sol. Miyawaki, par ses origines, est naturellement sensible à ces dimensions de la terre, autrefois forces invisibles et mystérieuses, désormais complexes interactions d'un écosystème souterrain fourmillant de vies microscopiques.
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